La place stratégique de la DSI au sein du Codir
Un rôle en pleine évolution
Depuis trente ans, j’observe l’évolution du rôle de la Direction des Systèmes d’Information (DSI) au sein des entreprises. Cette réflexion m’amène à une question fondamentale : la DSI est-elle une direction purement technique ou un métier à part entière, au même titre que les directions juridiques, financières ou des ressources humaines ?
Une tendance à la réduction de la présence de la DSI
De nombreux dirigeants, dans une logique de réduction des effectifs du comité de direction (Codir), choisissent de rattacher la DSI à la direction financière ou administrative. D’autres intègrent la DSI dans une direction plus large de la transformation, mêlant SI, acquisitions, cessions et parfois la gestion de projets digitaux. 🛠️ Cette approche soulève une question essentielle : la DSI doit-elle être perçue uniquement comme un centre de coûts ou comme un levier stratégique de la transformation de l’entreprise ?
Une reconnaissance stratégique
🎯 Pour ma part, j’ai eu la chance d’intégrer systématiquement les comités de direction des entreprises où j’ai exercé comme DSI ces vingt dernières années. Était-ce de la chance ? Ou bien la reconnaissance de la DSI comme un acteur stratégique contribuant pleinement à la performance globale de l’entreprise ?
Évolution des compétences du DSI
📈 Au fil des décennies, le profil du DSI a considérablement évolué. Des techniciens et développeurs des années 90, nous sommes passés à des DSI hybrides, maîtrisant aussi bien les enjeux métiers que techniques, souvent mieux que ceux qu’ils accompagnent. Ce rôle ne se limite plus à gérer les systèmes informatiques, mais à comprendre les flux d’informations et de logistique, la gestion des données, la cybersécurité, et l’impact des choix technologiques sur la performance globale.
Trois profils de dirigeants
👥 J’ai constaté, dans les comités de direction auxquels j’ai participé, trois grands profils de dirigeants :
- 🛠️ Le profil de production : centré sur l’efficacité des opérations et la création de valeur à partir des ressources disponibles.
- 📈 Le profil commercial : focalisé sur la génération de revenus et la relation client.
- 📊 Le profil de gestion : orienté vers le contrôle et l’optimisation des ressources financières.
Des décisions stratégiques cruciales
🤔 Le directeur général tend souvent à incarner l’un de ces piliers et s’entoure de compétences complémentaires. Toutefois, le rôle de la DSI est-il bien représenté dans ce schéma ? Les décisions stratégiques SI engagent l’entreprise sur des décennies : migrations, cybersécurité, digitalisation, gestion des flux d’information. Peut-on imaginer déléguer de telles décisions à la lumière exclusive d’un point de vue économique, industriel, commercial ou réglementaire ?
Un DSI visionnaire et stratégique
🌐 J’ai la conviction que les éditeurs d’ERP ont, au fil des années, influencé les écoles de commerce et les communautés de management, poussant une vision trop simple d’une solution intégrée unique (les backbones financiers ou commerciaux par exemple), souvent source d’échecs coûteux. Combien d’entreprises ont vu leur projet ERP échouer faute d’une gouvernance d’entreprise agile et d’une prise en compte suffisante des enjeux conjoints des métiers et de leur SI ?
Le DSI que je défends est un stratège, capable de comprendre 80 % des enjeux métiers, tout en acceptant que ses interlocuteurs ne maîtrisent que partiellement les siens. Cette posture exige une communication continue et une participation active au Codir. Les budgets SI, en croissance, dépassent souvent ceux des autres fonctions support, faisant du DSI un véritable chef d’orchestre, directement lié à la stratégie d’entreprise.
La confiance et la connivence avec le DSI
🤝 La confiance et la connivence entre le DSI et les bénéficiaires des services SI, qu’il s’agisse des directeurs métiers ou du directeur général, sont essentielles.
Le DSI est probablement le directeur ayant accès aux informations les plus critiques, confidentielles et sensibles de l’entreprise. 🔒 Ne pas avoir une confiance absolue en son DSI relève d’une schizophrénie étonnante, sachant que seule sa probité et sa conscience professionnelle l’empêchent d’accéder à des données sensibles telles que les fiches de paie, les emails personnels ou encore les fichiers confidentiels de l’entreprise.
Lorsqu’un DSI n’est pas intégré au Codir, il demeure inconnu des autres directeurs et reste ainsi éloigné du cercle de confiance de manière inutile et dysfonctionnelle. En cas de crise cyber, par exemple, ou lors de la sélection de solutions technologiques pour un métier, cette méconnaissance complique les échanges et réduit l’efficacité des décisions stratégiques. Si les directeurs ne connaissent pas bien le DSI et n’ont pas grande confiance en lui, les discussions sont ralenties et inefficaces.
La DSI, pilier incontournable du Codir
💡 La digitalisation croissante de la société rend la DSI incontournable. La présence du DSI au Codir est un facteur clé pour garantir une vision stratégique enrichie des potentialités du numérique, dans l’intérêt de l’ensemble des métiers de l’entreprise.
Pour moi, un Codir équilibré intègre nécessairement un DSI aux côtés des autres grandes fonctions stratégiques, apportant une vision à la fois innovante, agile, visionnaire et stratégique de la transformation numérique de l’entreprise.